dimanche 16 décembre 2018

Fuck le monde d'hommes, on a un cerveau

J'ai des opinions tranchées. Moi aussi. J'ai toujours été assez radicale, même quand je savais rien quand j'étais jeune. Comme je fonctionne pas trop aux émotions, je raisonne, j'analyse, je pose des questions, et je me fais vite une idée, je me branche dans un camp et j'y vais jusqu'au bout.

Ça, c'est quand je décide de m'intéresser à un truc. Souvent, une question de société ne m'intéresse pas tellement, ou encore je ne suis pas encore arrivée au bout de mon raisonnement, et donc je n'ai pas vraiment d'opinion sur la question. Mais pour les questions que j'ai réglées dans ma tête, c'est très difficile pour moi de rester coite lorsque la question est malmenée sur la place publique ou que je sens que la société, ou les autres sociétés, prennent un chemin qui mène dans le ditch.

Mme Denise Bombardier est une femme très intelligente et qui a beaucoup lu, certainement plus que moi. Elle aussi, de toute évidence, elle a des opinions tranchées et va jusqu'au bout quand elle les exprime. Pour cette raison, donc parce que je trouve qu'on a certaines similarités, elle et moi, sur l'aspect de la radicalité des idées et de leur expression claire, je la respecte, et il arrive même qu'on a la même opinion.

Mais en l'occurrence, dans le cadre des suites du rejet par le DPCP de 13 des 14 accusations d'agressions sexuelles déposées par un groupe de femmes auquel on réfère comme étant "Les Courageuses" contre, c'est quoi son nom, donc encore, ah oui, Rozon, et, plus largement, dans la suite du mouvement #metoo, ou plutôt ici au Québec, #moiaussi, Mme Bombardier publiait l'autre jour un texte (lien) ramassant tout ça, tout le mouvement, comme genre une grand-mère, et l'emballant dans un beau: Je te l'avais ben dit, fille, c'est un monde d'hommes. Couvre-toi pis sors pas le soir.

Et là-dessus, sur le constat, on est d'accord. Faut quand même pas se leurrer, si on ouvre les yeux un peu, même ici au Québec qu'on est plus avancés qu'ailleurs, c'est un monde d'hommes. On a beaucoup progressé, vraiment beaucoup, au Québec, mais c'est encore le patriarcat et le pouvoir des couilles qui mènent. C'est un constat qu'on peut faire. Qu'elle fait, et que je fais.

Là où on diverge totalement à la fourche, c'est dans la suite, la solution à ce constat négatif et déplorable. Denise Bombardier fait ce constat et l'accepte. Elle l'accepte puisque, tout en reconnaissant que c'est déplorable (et donc idéalement à modifier), sa solution est qu'il n'y a rien à faire et que, pour naviguer dans ce monde d'hommes, les femmes doivent apprendre à se méfier, à s'armer et à se défendre, et surtout à ne pas s'offrir en pâture en s'habillant sexy.

Crisse, la suite logique de cette pensée, c'est le voile couvrant et niant la sexualité de la femme. Si elle était musulmane, sûrement que Denise Bombardier suggérerait le port du voile. C'est sa logique. Ça mène dans le ditch.

C'est un monde d'hommes, la situation a très peu changé depuis des millénaires, c'est un fait, mais c'est inacceptable et ça doit changer. Voilà.

Il y a un problème, Denise Bombardier et moi sommes d'accord sur ce problème: c'est un monde d'hommes. Mais s'il y a un problème, faut le régler saint-sacrament, on a un cerveau.

C'est les hommes, le problème. Donc c'est là qu'il faut travailler: les hommes doivent changer.

La nature humaine, voilà ce qu'invoque Mme Bombardier pour rappeler à l'ordre toutes les femmes. Les hommes ne changeront pas, ou dans si longtemps que... on l'accepte et on fait avec.

Non!!!

Crisse de tabarnak, c'est pas la nature humaine, c'est la testostérone, ya des hommes qui en ont trop! C'est simple. C'est scientifique et démontrable, c'est ça qui est ça, et j'en sais quelque chose.

J'en sais quelque chose puisque je peux extraire de mon expérience personnelle des faits, des constats qui me démontrent clairement les effets de cette substance sur un cerveau. Je suis transsexuelle, je n'ai pour ainsi dire plus de testostérone, et j'ai très clairement senti rapidement les effets du retrait de cette substance sur mon cerveau, mes idées... mes manières d'être en société... ma manière de penser!! C'est incroyable à quel point la société refuse de voir à quel point nos traits de caractères sont directement reliés à trois hormones puissantes: la testostérone, l'estrogène et la progestérone.

Le patriarcat n'est pas la nature humaine, ni le sont la domination des hommes et leurs abus, car celle-ci, la nature humaine, comme la nature de tous les animaux, s'adapte peu à peu au fil du temps à son environnement, et la féminisation du monde animal est un fait très bien documenté depuis des décennies: tout se féminise, les rivières, les poissons, les mammifères... Ce n'est qu'une question de temps. Les estrogènes sont partout.

Il fut un temps pour les humains où il fallait combattre contre des dents-de-sabre, des tigres de genre 8 pieds de haut, et des mammouths et plein de très gros animaux. À cette époque, c'est l'augmentation progressive de la taille de notre cerveau qui a surtout assuré notre survie à long terme, mais aussi, et ça, c'était pas mal plus facile pour la nature à injecter rapidement, un apport considérablement augmenté de testostérone chez les mâles humains, leur conférant plus de musculature, de taille, de poils, et, surtout, mais alors là, surtout, une détermination implacable à être premier. Partout, tout le temps. Gagner. Être premier parmi les autres humains mâles autour puisque, vu le dimorphisme sexuel découlant de l'apport accru de testostérone, la femme n'était pas une menace. Mais tous les autres mâles le deviennent. De là la guerre. Et les abus de pouvoir, et sexuels. C'est très clairement la testostérone qui fait ça. Tout simplement. C'est pas un grand truc philosophique ni spirituel, c'est fucking biochimique, les effets d'UNE substance sur le cerveau. Le dimorphisme sexuel entre les femmes et les hommes est trop grand, et la volonté d'être premier des mâles n'est plus nécessaire puisque notre cerveau est maintenant assez développé pour prendre le relais: on peut fabriquer des machines.

Donc, la stratégie de la nature pour nous adapter, au sol et pas dans les arbres, aux menaces d'extinction, ça a été en deux temps: d'abord apport accru de testo chez les mâles, avec des effets très rapides en quelques générations, et une augmentation progressive du cerveau de l'espèce en général, solution à plus long terme.

Nous y voici, en 2018, nous sommes au "plus long terme". C'est le terme. Notre cerveau, tant aux femmes qu'aux hommes, a grossi assez qu'on peut faire autrement, maintenant, la testostérone n'est plus tant nécessaire, et la nature est à l'oeuvre pour la diminuer, et tout re-féminiser comme je disais, c'est démontré scientifiquement, elle est à l'oeuvre pour revenir à ce qu'étaient les humains avant cet apport de testostérone nécessaire à sa survie.

Notre cerveau permet de modifier notre nature plus rapidement que la nature elle-même. Tout comme il était logique de manger de la viande il y a 50,000 ans, et que c'est ainsi que l'humanité a pu se construire, il est logique aujourd'hui de ne plus en manger. Faut avancer, t'sais.

On peut calculer, grâce à notre cerveau, qu'on pourrait nourrir tous les humains si on était tous végétariens. Voilà. Notre cerveau assure notre survie.

On peut constater, grâce à notre cerveau, que nos sociétés ont un sérieux problème, un vestige du passé qui n'est pas nécessaire pour notre avenir... Faut juste accélérer le processus naturel qui est bien entamé et re-féminiser la société... et les individus aussi. Les individus, surtout, et ça presse.

On peut progresser, la nature nous a doté du plus superbe outil pour effectuer TOUS les changements nécessaires à notre survie, à notre progression comme espèce. C'est très simple, vérifier le taux de testostérone et la réduire aussi, le cas échéant. Trèèèèès simple et sans grandes conséquences autres que les effets bénéfiques dont une société peut profiter d'une telle action: la paix, le respect, la solidarité... la prospérité.

Bon, j'avais averti au départ que je suis radicale. Je sais bien que ça passe pas, des idées capotées comme les miennes, que je mes propos ne peuvent qu'attiser la haine des mâles. Je le sais. Je vis dangereusement. J'appelle un chat un chat, qu'est-ce tu veux, j'suis comme ça.
Dominique Rock

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