lundi 26 octobre 2020

Prédispositions

Il faut que j'écrive, je ne me sens bien que quand j'écris. Les relations humaines, c'est vraiment désespérant. Pourtant si j'écris, c'est pour que l'autre me lise. Mais j'écris ici sur ce blog totalement inconnu, alors c'est comme crier dans la forêt. Dans le désert. Si j'écris, c'est forcément que j'entretiens un certain espoir de communication avec un autre être humain.

Vers la fin de sa contribution à Pink Floyd, Syd Barrett ne se donnait plus la peine de lever le bras gauche pour faire les accords. Il "strummait", c'est tout. Je comprends très bien son manque de motivation. C'est autiste, de toute évidence. C'est un manque de motivation à exprimer... à quoi bon, t'sais.

À quoi bon?

Si je cherche à communiquer, c'est que mon cerveau est pré-programmé pour ça. C'est pour aucune autre raison: c'est génétique. C'est dans le code, dans l'ADN humain: socialiser.

On peut dire que ça définit l'humain, et si on me refuse la communication, si on me rejette, qu'on me refuse l'accès au groupe, qu'on n'entend pas ce que je dis, ce que je suis (l'humain dit toujours ce qu'il est, c'est tout ce qu'il dit), alors je... ne suis pas humaine.

Si on ne me reconnaît pas comme telle, je ne suis pas humaine; si on ne m'entend pas, si on refuse de prendre connaissance de ce que je suis, on me refuse l'accès à l'humanité.

Then, je suis un monstre.

Hier, j'ai ouvert le fichier de mon roman. Ça faisait exactement quatre mois que je ne l'avais pas ouvert, un texte dont je considérais alors la deuxième révision majeure pratiquement terminée.

À la deuxième page, je m'apprêtais à faire un changement important, constatais une lacune... Soudain, je me suis arrêtée. À quoi bon? Ha! Ha! Non, c'est pas ça que je me suis dit. Je me suis dit que j'étais ailleurs et que j'allais devoir probablement tout changer le texte vu mon nouveau point de vue... sur la vie, disons. J'ai vécu pas mal depuis six mois que la pandémie dure, y a pas mal de choses qui se sont passées, notamment du côté des relations humaines... du passé qui continue de percoler...

Je sais pas trop comment aborder ça, comme une réviseuse ou...

Évidemment, il faut que j'écrive aut'chose, si je suis rendue là, mais il me faut terminer celui-là d'abord, c'est complet. C'était complet. Mais j'ai réalisé que ce ne sera jamais qu'un premier roman, quel que soit mon âge.

D'ailleurs, l'âge... c'était déjà un thème essentiel du Sentier des monstres, c'est... essentiel. La jeunesse. C'est ça la drive du monde, de l'humanité.

Mais enfin, pourquoi veux-je dire? À quoi bon? Personne n'écoute, tout le monde s'en fout, de ce que j'ai à dire; je n'ai justement plus vingt ans, et l'usure du temps érode l'illusion que quelqu'un écoute.

Parce que c'est pré-codé dans la partie de moi qui est Homo Sapiens, voilà pourquoi. L'autre partie de moi n'est pas de cette espèce pour qui communiquer avec ses semblables est essentiel à sa survie et regarde avec circonspection la partie principale qui se perd dans une danse sans but apparent devant des mondes qui germent à tout moment sous la chaleur des flammes des émotions émises par ces mondes inventés mêmes. L'autre partie de ma chimère de vie n'est pas totalement humaine.

Bon... c'est exactement de ça que traite Le Sentier des monstres, en fait. J'y retourne et je vais le finir. C'est un premier roman. J'aurai encore aut'chose à dire après.

Même si ça ne sert à rien. Allô?

??

Dominique Rock

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